jeudi 3 décembre 2009

Journal du Monde n°24 : les proxénètes ont bu le calice


Puisque la crise vous manque ou que la grippe vous gonfle, alors je viens vous parler, à vous mesdames, à vous messieurs, du plus vieux métier du monde, le racoleur des plus beaux outrages, celui dont les synonymes excèdent de poésie, la source de bien des procès. Ne serai-je en être trop vulgaire, je viens vous parler de prostitution. Prostitution active et passive, prostitution de luxe et maisons d’abatage, prostitution réglementée, abolie, prohibée. C’est selon, les sanctions diffèrent. La France punit l’agent, les pays nordiques le payeur. Et puisque, de toute façon, son existence est inévitable et que ses conséquences aussi (entendez violence et virus), l’Allemagne, entre autre, l’officialise. Attrait touristique ?

Des études montrent que le trafic de charme rapporterait soixante milliards d’euros annuels pour quatre millions d’ouvrier(es) actives ; c’est que c’est une branche sans chômage, au moins. Ou pas ? Oui, les proxénètes subissent. La crise les a touchés : ils accusent une baisse de 20%. Pas coulé : eux aussi ont trouvé la solution. La prostitution est une véritable industrie et elle mérite considération.

Berlin est championne en matière d’écologie et proposait à ses consommateurs (de sexe) une appréciable ristourne à la présentation de leur vélo. Aussi, petite offre commerciale : pour soixante-dix euros et avec les brebis de son choix, l’homme allemand (ou pas) avait le droit de s’offrir à foison des plaisirs charnels. Saucisses et télévision comprise. Qui a dit que l’Allemagne n’était pas accueillante ? « Sex mit allen Frauen, so oft du willst, so lange du willst, und wie du willst ».

J’accuserai publicité mensongère. Parce que la courtisane peut refuser. Que, moyennement, la durée de l’acte sexuel se borne à vingt minutes et que, pour la remise, l’homme de vingt ans nécessite dix minutes seulement quand l’homme de soixante-dix ans doit attendre trois jours. La vieillesse est-elle rentable ? Certains précisent : tout est possible, rien n’est obligé. D’autres sont dépourvus d’arguments quand ils se justifient par la comparaison, puisque personne ne rouspète quand on solde les jeans à moins de dix euros.

Alors, qui a dit que le charnel était hors business ? Je me retourne vers vous.

Céline

lundi 7 septembre 2009

Journal du Monde n°23 : european sociology ?


Oh le retour ! Mois + 3. Et que le temps ne me laisse pas de sa personne. Le prolétariat moderne me sabote la colonne vertébrale et me permet de visiter l’Europe au mois d’aout. Appréciable. Aujourd’hui, c’est moi qui accueille l’Allemand outre-rhin, sur la Seine. Ou la Marne. Puisque Paris n’est pas Zwickau. Vendez la peau de vos couilles et jetez l’éponge quand l’administration parisienne n’est pas foutue de trouvez à l’arrivant un 10m² respectable. Il ne dérange personne mais se lassera plus vite que ses hôtes de la dépendance à une famille qui n’est pas la sienne. A chaque Land son caractère !

Il faudrait s’user à faire de la fausse sociologie européenne. Puisque je me passionne à visiter chacune des capitales du continent, je voudrais les estimer. Il me faut un point de comparaison. Voyons. Prix du houblon. Proportion d’obèses. Coût de l’habitable. Combien de métros. Quantité d’IKEAs. Valeur de la nicotine. Nombre de Chinois. Utopie professionnelle de l’habitant (Arnaud me devance dans l’étude). Et quoi d’autre encore. Soyons objectifs.

Meine Meinung nach. Bucarest est laide, peu accueillante mais largement abordable. Stockholm est chère et magnifiquement transie. Berlin est artistique et historique. Leipzig m’est subjective. Dublin est pluvieuse mais heureuse. Séville est familiale, festive et nocturne. Paris est prétentieuse mais je le lui permettrais : sa grâce et son magnifique m’épatent.

Mon utopie professionnelle à moi, serait – peut-être – d’être linguiste, mais polyvalent (planétaire ?). Linguistique : étude du langage humain, des mécanismes du langage d'une façon très générale. Je pourrais par la même m’expliquer (à défaut de ne pouvoir être utile à une humanité complète) pourquoi chaque peuple a son injure favorite (critère socio ?). Le Fucking anglais, Scheisse allemand, Putain français, Coño espagnol. Et pourquoi, des îles Fidji à l’Alaska, plus ou moins quiconque se surprend inlassablement à devoir toujours les utiliser. J’entendais, dans une émission sérieuse, que l’utilité en était scientifiquement (alors j’y crois) prouvée puisque le fait serait réellement libérant – entendez partie intégrante de la démarche suivie, fonctionnelle dans l’accomplissement de l’objectif. On pourrait vérifier puisque, par exemple, le débit hispanique d’outrages verbaux est assez fulgurant. Les Roumains devraient en inventer encore plus.

Ou pas. Restons gracieux. Il y a des beautés qui m’ébahissent, des contraires qui me rendent détestable. Je voudrais toujours en savoir plus.

Bonsoir, Europe.

Céline

dimanche 28 juin 2009

Journal du Monde n°22 : Und jetzt ?


J’ai cru comprendre, par mon éducation et quelques raisonnements personnels, que de s’intéresser, et encore plus de s’identifier, à des épisodes télévisuels fictifs, de surcroit américo-américains, relève d’une certaine incohérence. Il me semble être assez réaliste pour ne pas avaler n’importe quelle connerie et poser mon cul devant un écran de télévision n’est pas tout à fait ce que je préfère, mais quand même. La destinée de Carrie Bradshow s’est arrêtée pour moi hier soir (en fait le 11 juin). Et je m’en suis apitoyée - je n’étalerai aucune explication au fait puisqu’il est regrettable. Mais les quatre vagins, regroupés, ressemblent aux miens. Et je débattais il y a quelques jours. Was ist das Leben, sonst lieben und entdecken?


J’ai eu le temps, en dix mois, de profiter. Oooh oui. Ni trop, ni pas assez – c’est mon avis. C’est ma période, inhabituelle, un peu eau-de-rose ; je me pose bien des questions au sujet de l’indépendance. Pas celle dont on nous rabâche les oreilles – sexe, drogue, alcool – mais celle qui change la vie, je crois. C’est que ma sœur se marie, que mes cousines enfantent, que j’ai suffisamment expérimenté mon esprit et que an amercian girl in Paris, part II m’a faite chialer. Parce que c’est beau. Je ne m’attache pas beaucoup aux sentiments amoureux, ou alors pour un certain temps et les habitudes m’ennuient. J’oublie et passe à autre chose. Certains m’apostrophent – je suis « libre ». Et puis ? Je prône, pour l’instant, cette indépendance. Je ne la vois ni ne la veux éternelle puisque elle nous doit de supporter la solitude, ce que je trouve assez triste. Mais jusqu’ici, elle m’a laissé m’amuser. Et découvrir.


Und jetzt, warum nicht die große Liebe ? Celui qui t’encule parce que tu ne t’y attendais pas et parce qu’il te prend à la gorge et te fait brûler le ventre. Je veux du lourd, un truc qui change des autres et qui n’est pas routinier. Qui t’apprenne, tous les jours. Qui a les idées en place. Et les choses aussi : une belle queue entre deux couilles et un cerveau au sommet de sa personne, avec un cœur entre les deux. Qui s’attache à moi autant que moi à lui car la différence est mauvaise en matière de sentiment. Un truc qui ressemble à la perfection ? J’y crois.


J’y crois même si la gente masculine relève parfois du primitif. Je visitais les lieux de travail de nos ouvriers et y vérifiait que pas un seul ne se privait d’un joli (ou pas) 90-60-90, à poil et sale gueule en prime. Mais le fait est paradoxal. Il semble effectivement que l’homme plus que la femme touche davantage à la gagaterie lorsqu’il est entiché. Et ca, c’est universel !


Je me veux d’être forte pour me faire avancer. On verra bien ce que ça donne.


Céline

mercredi 20 mai 2009

Journal du Monde n°20 : pratiquement Allemand


Je réponds toujours automatiquement par la négative à la question de savoir si le Français emprunte parfois le germanisme. Et bien je renforce la réputation de nous autres, les Français, qui croyons bien souvent que nous avons tout, ou beaucoup inventé. Mais l’accordéon, le chic, le bourgmestre et bien d’autres encore nous viennent tout droit de la langue de Goethe. Trinquer, ca vous parle plus ? Nous abusons du verbe sans bien savoir que c’est un trinken mal orthographié. Nous dansons la Walz(er) quand on ne fait pas la guerre et notre champ lexical militaire est lourd de germanisme puisque, parait-il, les Tudesques font mieux que personne du combat un divertissement. L’Allemand, tant le peuple que son parler, est soumis à quelques clichés qui me surprennent parfois. Mais le sujet n’est pas là.

Je voudrais m’intéresser quelques secondes à la langue la plus répandue sur le continent européen (cent millions de locuteurs) qui, on l’apprend avec un peu d’étymologie, est le regroupement de tous les Hommes (All-Mann).

Elle est aussi, je trouve, le regroupement de tous les mots. Parce que les nombreux Fremdwörter empruntent à beaucoup d’autres langues (bien plus que le Français, je ne promeus ni ne dénigre le fait) et qu’elle permet le néologisme quotidien par les zusammengesetzte Substantive. Bien que, certes, difficile, cette langue est logique car la majorité des mots sont la base des autres et qu’il suffit d’y ajouter un suffixe ou un deuxième verbe pour en comprendre le sens. C’est une question de vocabulaire. La difficulté réside, pour moi, dans la grammaire plus que la prononciation. J’en viens à cette déduction notamment quand je remarque que je suis incapable de prononcer un bought anglais assez compréhensible. Les deux langues sont pourtant germaniques et, de ce fait, les articulations sont semblables. Mais L’Allemand m’est plus commode. C’est donc la grammaire qui pourrait poser problème mais elle n’est que raisonnement et parfaitement compréhensible … quand on sait ce que sont les COD-I français. La déclinaison allemande comporte quatre cas auxquels s'ajoutent trois genres ainsi que deux nombres. C’est un tableau à comprendre, des reflexes à prendre et une oreille à éduquer.

La deuxième complication se fait notable lorsque que l’on passe successivement d’un Land à l’autre. Hein ? Le dictionnaire des frères Grimm reste le guide le plus complet du vocabulaire allemand. Mais l’Allemand, ce n’est pas une langue mais une cinquantaine de dialectes qui ne se comprennent pas forcément les uns avec les autres. Voire pas du tout. Mon oreille à moi s’est faite à un Sächsisch que beaucoup s’acharnent à qualifier de bäeurlich – ça pue, pour certains, la campagne un peu arriérée, un genre de chti à la française.

Mon oreille à moi s’est faite à une langue appréciable que je trouve pleine de richesses. Je prononce toujours Frankreich avec un french accent parait-il délectable. Je suis moyennement de cet avis et le trouve plutôt pitoyable. C’est pas ma faute à moi ! Mais le progrès est plus que rapide quand la discussion est régulière et je papote depuis neuf mois dans une langue qui n’est pas ma maternelle.

C’est explosif, je voudrais parler toutes les langues du Monde. Pour l’instant je parle Goethe et aspire à écrire mon premier article dans sa langue.

Céline

jeudi 14 mai 2009

Journal du Monde n°19 : de l’irréel plus vrai que sincère


Me voilà que l’envie me reprend, moins vite qu’une envie de pisser puisque les idées envahissent ma cervelle, de prendre le temps de m’engager dans une expression plus ou moins sentimentale de ce que je vis encore ici, à Zwickau. Si le fait vous emmerde, rien ne vous oblige à le lire. Puisque je me dis bien des fois que l’exposition publique du sentiment humain n’intéresse personne et pour la cause, je bannis toutes les expressions de tristesse et même celles de joies que bien des gens aspirent à accrocher à leur page Facebook ou à leur prénom MSN. Il n’est donc pas impossible que la même remarque fuge quant à mon Journal du Monde. A tous bons lecteurs en tout cas, celui-ci n’est pas mort, seulement je passe mon temps à jouer et à travailler, et je n’ai pas le temps pour tout.


J’ai visité la ville de Prague. Elle est miraculeuse, dominée par ses centaines de clochers qui s’accordent royalement à l’architecture changeante de la cité, fut-ce dû au melting-pot culturel qui l’encombre ? Au même titre que, je le confirmais, Stockholm, elle a été reine de la culture européenne. Pour cause, les marionnettes et sa posture théâtrale la magnifient. A la façon Europe orientale, elle s’exalte devant le luxe « à la française » et veut, par un rococo qui est propre à son pays, s’affirmer en tant que tel.


Je m’émerveille alors devant le semblant irréel. Et l’Allemagne aussi sait m’en faire jouir quand elle est spécialisée dans le jeu et le travesti, lesquels incluent souvent de sortir de sa peau quotidienne.


Deutschland en fête, c’est toute l’année et überall. C’est de la bonne humeur à chier partout et je voudrais l’allouer à deux mots en particulier, celui de la bière – natürlich – et du déguisement. La découverte change les habitudes : je ne bois plus que de l’eau pétillante et change de peau bien plus volontiers. Les soirées à thème s’exposent à tous les coins de rue et gare à celui qui ne respecte pas la consigne. Das ist doch lustig.


Autant que de se fendre la gueule, autour d’un jeu, avec mes collègues européens. Nous ne parlons pas la même langue et venons des quatre coins du Monde mais formons une parfaite union autour d’un jeu de société, dont, parait-il, le jeu allemand (German Boargame) est synonyme (par opposition au jeu américain dont les règles doivent être plus sophistiquées). A la fréquence moyenne de trois fois la semaine, je n’ai également jamais autant joué de ma vie en si peu de temps. Mais raison est. Le jeu, comme le rire, est effectivement candidat au statut du propre de l’Homme puisque celui-ci est la seule espèce à encore jouer à l'âge adulte. Cette propriété en fait son côté universel – on connaît tous le jeu et donc les règles – et facilite la communication. Et bien le tant mieux, because their german is so bad as my english, on ne se comprend donc pas toujours. Mais c’est impressionnant de voir que, justement, ces passetemps qui font rire puissent unir à ce point. Si les animaux savaient jouer, on verrait peut-être plus de poissons voler.


Platon dit que le jeu permet ainsi de connaitre le Mitpsieler bien plus rapidement que par la discussion. Alors peu importe cartes, billard, volley ou jeux de mains (jeux de malins), je commence à tous les apprécier et sens le 18 juin (J-35) mal, très mal. Il fallait s’y attendre : en plus d’être sujet à des règles, le jeu est circonscrit dans des limites à la fois d’espace et surtout de temps (Roger Caillois).


Le système impose donc une fin. Comme à toutes les bonnes choses. Et l’année le fût, c’est très peu dire.


Céline

mercredi 8 avril 2009

Journal du Monde n°18 : « on fait l’bilan, calmement »


L’Allemand a ce trait de caractère qui lui est réputé, que je généralise et viens confirmer : il vit dans la règle et la ponctualité. Nous sommes parfois trop volages pour nos voisins. J’en attise la remarque déplaisante mais suis la dernière arrivée à un repas qui commence à dix-huit heures et la seule à traverser au feu rouge parce que je suis impatiente. Les jours me courent après mais mon mètre doublé de jambe est à mon avantage : je cours presque plus vite.

« Les vieux ne rêvent plus » et, la couille longue et le poil blanchi, m’accostent dans une ambiance vapeur quand je n’ai plus de culotte et les seins à l'air pour laisser la vapeur me faire exsuder. Ils se plaignent de leur vieux âge et, dans un sächsische Dialekt que j’ai de moins en moins (mais quand même) peine à déchiffrer, me conseillent de profiter. Tous les âges ont leurs avantages, et certains plus que d’autres. La jeunesse est bonne ou préférable à la vieille sénilité qui « ’ient vite » et j’en exploite les bienfaits. Mais les heures sont courtes quand elles sont amusantes et mes derniers six mois ont été plus rapides que prévu ; il n’en reste plus que deux et je ne m’attarde ainsi pas dans mes retours au Heimat qui restent brefs mais c’est aussi ca qui les rend bons ; mes passages dans la capitale sont libérés et ils m’équilibrent : il y a des électrons dont ma personne dispose, qui appartiennent à mon passée et plus que tout à mon présent et qui, avec la pomme de terre, le gruyère et la bière (et ils le savent bien) y contribuent largement car ils savent me faire rire et chialer. Et ce que c’est bon de se fendre la poire. Je voudrais témoigner de ma fortune, à moi.

À commencer par ma compagnie créole, à savoir mes géniteurs et tout ce qu’ils ont excellemment réussis : mes sœurs, presque aussi bonnes que moi (on n’atteint pas la perfection !). On a créer mieux qu’une ligne trois-cent-douze dans un quartier juste résidentiel mais le 49 de notre rue nous appartient et l’intérieur m’est familier puisque l’éducation que j’y ai reçue m’est plaisante. On n’y connait pas beaucoup la formule sentimentale mais il me semble que l’on n’en pense pas moins. La mère sourit et cuisine bien et je ne connais personne qui tique et repasse mieux que le père. Mes sœurs escaladent le toit (et pas que) pour faire des expériences et me coupent les cheveux à la mord-moi-le-mou quand elles ont besoin de cobaye. Mon bercail à moi, c’est des genoux dans le pyjama, des crêpes le dimanche soir et des frites le mercredi, c’est des escaliers qui font du bruit ou un « vin dieu » qui font taire, c’est carrefour-resto en fin de semaine, c’est east-side en juillet et west-coast au mois d’août. C’est deux beaufs qui s’y sont ajoutés. C’est la belle évolution d’une famille qui n’est ni égoïste ni égotiste und die ich liebe parce qu’elle est simple et drôle et qu’elle sait ce qu’est le bien vivre quand elle emmerde le monde et éructe fort mais poliment (ou pas) après la bonne graille. Du großer Gott, que ca défile ; nous sommes déjà adultes et mes parents vivent à deux. Je les remercie.

Il y a aussi six vagins intelligents qui me font rire plus que personne et m’apportent félicitations quand je les présente. Elles sont des rencontres décalées pour des caractères différents mais le panache est admirable. Elles remplissent mes jeunes années et savent parfaitement qui je suis ; le fait est réciproque et je voudrais finir ma vie avec elles parce qu’elles me rendent florissante quand elles dansent nues, qu’elles ont des théories sur n’importe quoi, qu’elles sont passionnées par ce qu’elles font, qu’elles sont plus belles que la plus belle, qu’elles me lancent des vannes comme bon leur semble, qu’elles me font à manger presque aussi bien que ma mère, qu’elles me conseillent quand je leur demande ou pas et qu’elles supportent ce que je fais. Mes bébés. Mes meufs. Mes frères.

Il y a enfin ce tour de bras de généalogie qui remplit mon enfance et à elle seule la moitié d’une région que mon aînée a parfaitement décrite. Des gens aussi, des Francais, des Européens, des Planétaires, que j’ai rencontrés et qui m’ont faite évoluer.

Il fait beau. Il est tard. Il règle notre vie. Il est le temps et je ne l’attends pas. Je mange avec appétit et vis avec mon kiffe.


Céline

jeudi 26 mars 2009

Journal du Monde n°17 : die Berliner Mauer

Des semaines que je veux m’y coller mais que facteurs m’en empêchent. Je crois que, sans s’être assez documenté, aucun ne peut exposer des faits si importants qui ont marqué l’intégralité d’un peuple et d’une Nation. J’entends par « pouvoir » capacité et respect. Je me pose effectivement toujours la question de savoir ce que pensent les véritables concernés de voir et/ou d’entendre ceux qui relatent des faits qu’ils ne connaissent qu’à travers documentation plus ou mois réaliste. L’Histoire est longue et elle me passionne. L’Homme veut voir et la curiosité dynamise l’esprit humain. On ne peut pas ne pas en parler, c’est la « mémoire d’un peuple » mais je ne sais pas si le fait est pervers.

J’éprouve un rejet particulier pour toute forme de patriotisme et mon voisin qui crie la Marseillaise ou brandit son drapeau national me met mal à l’aise. A plus grande échelle, celui-ci (de patriotisme) mène à du mauvais. On peut le prendre comme une forme de xénophobie et, au minimum, il laisse ainsi en arrière celui qui ne partage pas l’opinion ou qui a les couilles de manifester quelconque autre valeur. Deux patriotiques sont ainsi et automatiquement menés à devoir combattre l’un contre l’autre. Je me pose la question de savoir ce qui mène un citoyen à tant adorer sa Nation.

Il n’est pas sans raison de pouvoir comparer croyance religieuse et croyance politique. Le premier laisse à croire en l’autorité du passé, le deuxième en celle du futur. Mais les deux laissent à croire qu’une autorité abstraite puisse faire le bien et donc le mal, puisque l’un induit l’autre. Et dans l’un comme dans l’autre, il y a l’extrême intégrisme. Le problème de la RDA et de tout ce que ca comporte fut tel que le système n’échoua pas suffisamment pour s’écrouler de lui-même et qu’il ne réussît pas assez non plus pour entrainer l’adhésion complète de la population. Certains y ont effectivement et malgré tout consenti, par conviction ou obligation, puisque la particularité de cette dictature fut telle que l’opinion publique ne put s’exprimer même en privé (Anna Funder parle de Stasiland). La dictature est ainsi possessive intégriste en ce sens qu’elle n’accepte pas que l’on puisse ne pas l’aimer. J’en vois là une forme claire de « complexe d’infériorité » et, de manière générale, celui-là même qui a ce complexe ne trouve qu’une forme agressive de protection : le pouvoir par la force quand il s’agit de défendre une idéologie. L’emploi de la force n’étant qu’une alternative à la persuasion par les mots lorsque celle-ci est un point faible (soit qu’on soit mauvais avocat, soit qu’il n’y ait pas d’argument aucun), je ne vois d’autre conclusion que d’affirmer que le système fut mauvais, dans ses causes comme dans ses conséquences, dans ses moyens comme dans ses fins.

C’est ainsi que, en l’été 1961, à la dispersion d’une rumeur plus ou mois (in)fondée concernant le renforcement du complexe, quelques jeunes à la culture prononcée (puisque les autres ne reçurent pas l’information) fuyaient leur Heimat (ou pas) est-allemand pour rejoindre le Monde occidental et tout ce que ça comporte. C’est l’ « Abstimmung mit den Füssen » (le vote avec les pieds). Ce qui, dans le fait, gêna les socialistes était, non pas seulement la fuite, mais le fait que leur Monde se vidait de savants donc de savoir et que sa toute puissance se décrédibilisait ainsi. Sans en aviser le moindre habitant, elle clarifiait donc le problème et construisait le Berliner Mauer, retirant quelconque liberté à tout un peuple désormais coupé du monde démocratique et, par manque de chatte, à une partie de sa vie. Cette « solution peu élégante mais mille fois préférable à la guerre » faisait aussitôt s’apparenter le bloc soviétique « à une vaste prison dans laquelle les dirigeants étaient obligés d’enfermer des citoyens qui n’avaient qu’une idée : fuir » ; seuls l’étranger, le diplomate et le prisonnier franchissaient Checkpoint Charlie (Alpha et Bravo – la Stasi a des mots de passe).

« Le socialisme est comme la morphine : on en prend d'abord par curiosité, pour adoucir une légère douleur, et fatalement, on augmente la dose » (anonyme). Fut-ce la dose trop augmentée que la licence était désormais livrée aux mains de malades mentaux, de mégalomanes, de méchants, de malhonnêtes qui allaient au bout de leur folie, de leur mégalomanie, de leur méchanceté, de leur malhonnêteté (dixit Amouroux) ; je nomme Schild und Schwert der Partei – le bouclier et l’épée du Parti, les sieurs la Stasi. Ainsi le vivant ne pouvait bien cohabiter plus que s’il était partisan et qu’il l’illustrait par la carte et la bonne parole – attention au faux pas. Orwell avait initié la chose « mais sans ces détails si concrets qu’ils en deviennent irréels » : la Stasi was watching [and hearing] you, en pire. Et la Stasi t’embauchait si tu la dupais. Et la Stasi te tuait si tu la franchissais. On ne trompe pas la Stasi.

Ainsi, lorsque « la nécessité est la mère de l’invention » (Platon) et que la fuite devient indispensable, l’être humain sait faire preuve d’imagination. C’est au péril de leur vie mais parfois bien astucieusement que les habitants de la République Démocratique Allemande (il faut revoir la définition) fuyaient la région : pouvoir librement étudier pour travailler sans devoir adhérer à de mauvaises idées. Et le fait dura. Vingt-huit ans. Se dissimula lorsque certains Hommes de pouvoir s’apercevaient que le Monde évoluait et que la liberté – celle de vivre et d’opinion – est un droit fondamental. Les pays de l’est ouvraient leurs portes et la RDA se vidait par million par le train de la liberté – der Zug der Freiheit. « Le mur de protection anti fasciste » n’avait plus d’autre choix que de s’écrouler, das war die Wende. La BDR leur restait étrangère et le Monde libre les heurtait : « ils n’avaient pas encore admis que s’effondraient les certitudes austères auxquelles ils avaient jusque ce jour consenti ». Mais c’était, disent-ils, le peuple le plus heureux du Monde.

Il y a cette sorte de ressenti qui existe encore. On me disait qu’il n’était pas simple d’accepter que ses enfants partent à l’ouest. « Klar bin ich eine Ost-Frau », celles-ci travaillent plus et plus longtemps que leurs voisines occidentales. C’est une étrange histoire et j’ai encore à savoir.

Ich bin noch kein Berliner.

Céline



mardi 24 mars 2009

Journal du Monde n°16 : « il faut pas jouer le riche quand on n’a pas le sou »


Europe 1 Matin dit qu’il faudrait aussi penser à récompenser ceux qui travaillent plutôt que ceux qui prennent des risques. Thierry Morin fait perdre deux cent sept millions, s’en laisse publiquement accorder dix neuf, s’en prend personnellement plus de trois puis laisse à la rue à peine mille six cent unités qui ne sont qu’un peuple qui n’a ainsi plus rien à faire et donc à gagner. La « divergence stratégique » rapporte, egal wie, egal wann, egal wer. Non pas par éthique mais pour la bonne image du gros patronat qui se casse la gueule, la Société Générale ne suit pas le mouvement. Jean-Jules Richard a vu presque bon, « l’appât du gain n’a pas de limites ».

Je ne suis pas certaine que l’argent fasse le bonheur mais reste persuadée qu’il fasse la différence quand il permet de profiter de la vie et que le manque d’argent devient plus important que l’argent lui-même.
Je ne sais pas parfaitement ce que sont les critères qui fabriquent le bonheur : ils sont extrêmement subjectifs, je crois. Problème est que, de la même manière que l’argent produit l’argent, c’est le fait d’être heureux qui rend heureux. Alors le cercle devient vicieux ou vertueux, c’est selon : il faut avoir la chance et/ou les couilles de prendre un bon départ. Il parait que c’est le jouir et non le posséder qui rend heureux ; encore faut-il posséder pour pouvoir jouir. Et il y a des choses qu’on ne possède pas sans argent, soit parce que – directement ou indirectement - elles valent de l’or, soit parce que ce(lui) qui en permet la jouissance ne veut pas de pauvreté.
Le cercle est encore vicieux quand, quoi qu’on en dise, l’argent permet l’accès à l’éducation. Certains disent que celle-ci est une parure pour les bienheureux et un refuge pour les autres ; egal. Je passe outre musées gratuits, bibliothèques pas chères et bourses étudiantes car l’accès facile à la culture reste quand bien même facilité – si ce n’est conditionné – par la couleur du compte en banque : le livre est couteux et la bonne école aussi. Le prêt existe bien mais le banquier n’aime pas le gens pauvre car il est risqué.

Le PIB qui mesure la richesse est augmenté de plus de sept fois dans notre capitale par rapport à la Saxe est-allemande. Un individu qui, à 7h30 tous les matins, partage mon wagon, me fait de la peine : il n’est pas à la rue mais la pauvreté l’affaiblit et son visage attendrit. J’en discutais avec mon gens bavarois, sa théorie est classique et explique que l’argent ne fait ni le bonheur, ni le goût d’ailleurs. Il en profitait pour gazer la richesse de son pays qui se croit importante et bien sapée quand elle assortit mal ou pas du tout une veste et un pantalon qui valent à eux seuls plus du salaire mensuel que certains s’acharnent à gagner pour survivre.

Celui qui n’a pas d’argent et qui, par le fait (je ne synonyme pas) est malheureux, compense et s’invente un Monde. J’en vois qui s’alcoolisent, d’autres qui soupçonnent la peau Noire comme étant la cause d’un mal être planétaire. Certains, par leurs costumes quotidiens, se croient au Texas dans une ville trop humide à l’architecture europe-de-l’est-urbanisée.

Celui-là même avec qui je discutais profite de la vie comme bon nous semble : je partage sa perception des choses. Il ne sait pas ou plus la privation et, passées soixante douze heures avec lui, je me dis que l’argent, celui que l’on possède, est bon car libérateur. Celui que l’on pourchasse est toutefois mauvais car esclavageur. C’est, je crois, la raison pour laquelle l’argent reste l’unique sujet m’étant incommodant lorsque je ne connais pas la définition que donne mon interlocuteur à ce mot que je ne réclame jamais : car celui qui paye a ma perception, l’autre est plus pauvre ou plus con. S’il est pauvre je partage, s’il est con il le reste.

Des Parisiens que j’eu connus me dissertaient que la somme de l’argent gagné (ou pas) amène automatiquement à un parti politique : le nécessiteux vote Links, le fortuné vote Recht. C'est effectivement un fait général. L’Allemagne est encore marquée par son passé : la Gauche gagne 25% à l’Est et 5% à l’Ouest. Pour la seule ville de Paris, le schéma était le même en 2007. Mon bavarois fortuné qui sut pourtant la pauvreté de l’ancien communisme polonais est (devenu) capitaliste libéral. Choses ainsi vues, il me semble alors que la politique n’est plus de la raison ou alors de la raison personnelle : de l’irrationalité égoïste. Ich weiss nicht, ob wir dafür sein sollen.

Je ne fais pas de politique, remarque seulement que l’injustice fait la diversité du Monde. Que le pauvre peut aisément critiquer la richesse sans l'être soi-même en retour et que la réciproque est fausse.

Céline

samedi 14 mars 2009

Journal du Monde n°15 : Dis-moi ce que tu manges et je te dirai ce que tu es


Rôti de veau au menu, c’est Nicolas qui invite Angela. On ne se perd pas dans l’originalité d’un plat trop traditionnel : souci de « communication interculturelle ». Car « le comportement à table, l’accueil réservé à la nourriture étrangère, peuvent influer, le cas échéant, sur les relations futures ». Le code alimentaire est un agent de socialisation fondamental.

Ainsi, « se profile en toile de fond, du côté français des stéréotypes alliant la nourriture allemande à l’hyperphagie, à l’excès et aux mœurs peu raffinées […] tandis que l’on associe, du côté allemand, à l’alimentation française un raffinement exagéré ». Quand deux extrêmes se touchent, il y a matière à observer. Dans un cadre étudiant (puisque j’étudie), j’étais amenée à boucler un projet comparant deux 24 décembre dans les deux pays que je présente. L’intégrisme des clichés s’y vérifiait : la profusion alimentaire a laissé aux Français huit heures de dégustation, l’homologue européen s’est suffit de trois Speisen pour cent vingt minutes. Le premier s’attarde au repas quand le deuxième est plus cursif. Pourtant, en 2005, l’obésité touche 9,4% de la populace française et le pourcentage est plus que doublé dans notre pays voisin. Je mise pour cause la soupe grasse et la viande abondante.

« Toute culture est ethnocentrique en son essence puisqu’elle juge les autres toujours sur la toile de son propre système de valeur. » Je m’y colle aussi. Witzenmann Sachsen (je nomme la société) se réjouit du vendredi parce que c’est la fin de la semaine et parce que, passées les huit heures matinales, elle apprécie sa culture nationale. Pause petit déjeuner, je suis polie et j’absorbe ce qui m’est proposé ; je ne suis pas fan de l’escargot et n’oublie pas non plus Forêt Noire et Saucisse de Francfort – qui sont délectables – mais j’ai toutefois du mal à m’adapter au Hackepeter et autre Speckfett et davantage lorsque ma journée est à peine entamée. Tartine de viande crue cuisinée aux oignons et lait caillé aux céréales, je respecte leur appétit. On me proposait, à la même heure de la semaine passée, une viande panée farcie aux oignons et lourde à digérer. Dans un cadre plus privé, on m’offrait un pain noir aux céréales qui asséchait la longueur de mon tube digestif. La fascination est réciproque lorsque notre baguette nationale dégorge de café ou que l’œuf liquide l’imbibe.

La cuisine française se fait une réputation mondiale ; la nouvelle prend de l’âge. Hexagone, Terre d’élection du bien-manger d’où les meilleurs profitent de la Globalisation pour exporter et faire (re)connaître ce qu’ils savent préparer. La chaire animale est aussi prisée : en 2008, Michelin l’ingénieur range l’Allemagne seulement un brin derrière la France. « La gastronomie allemande présente un fort caractère culturel ». Mais quand les sondages sont plus populaires, la dernière disparait : je ne la trouve classée dans aucune enquête.

On a, de la sorte, tous facilité à associer paëlla, pizza et moussaka à un terroir souche. Cliché je m’en fais, la France cuisine la grenouille, l’Allemagne la charcuterie. « Mais il ne suffit pas de connaître les aliments ou les plats de la culture étrangère, encore faut-il apprécier et évaluer leur valeur symbolique ».

Moi j’avale et me fiche des bonnes manières. Moïse voudrait que l’on mange à la sueur de notre front. Celle-ci me donne plus de soif que d'appétit. Il faudrait que la terre entière mange à sa faim, le plaisir est colossal.

Céline

lundi 9 mars 2009

Journal du Monde n°14 : Female Power


Quand on arrive au bureau et qu’une bouteille de bulles siège face au clavier de chacune des travailleuses, le sourire se dresse. Retour un jour plus tôt : c’est la journée internationale (je prêche toujours davantage ce verbe) de la femme et les neuf Bundesländer que formaient la DDR ne la rechignent pas. Les femmes s’y émancipent plus que les autres jours et défilent puis stationnent partout où elles le peuvent. Messieurs, le huit mars ne vous y appartient pas.

Mon week-end bavarois – je visite l’Allemagne – m’amenait de nouveau à débattre, cette fois-ci, du statut de la dame dans nos deux sociétés européennes. Mon interlocuteur, interculturel confirmé (la choune), me confirmait que la Française dirige son ménage quand l’Allemande a moins de pouvoir. Que les bâtiments parisiens sont féminins quand l’architecture allemande se fait trop carrée et masculine. Le secteur automobile n’échappe pas non plus à la règle, même si j’entends et témoigne que le véhicule hexagonal n’est pas franchement fascinant, ou en tous cas moins que celui de nos voisins.

Il me faisait d’ailleurs remarquer que j’étais typique de mon pays et se doutait que je ressemble sur ce point à celle qui m’a faite – je nomme la Mère ; mais que c’est mieux ainsi puisque la Femme s’accorde mieux au rôle de direction que son homologue masculin. Les médias affirment mais on différencie toujours la théorie de la pratique. « Plus que la pilule, le droit à l'avortement ou l'accès au travail, c'est la machine à laver qui a contribué le plus à la libération de la femme » (Osservato Romano – je suis encore plus irréligieuse). Les diffusions expliquaient pourtant que, alors que les entreprises qui, statistiquement, ont les chiffres les moins catastrophiques ont majoritairement un vagin à leur tête, les postes à responsabilités restent occupés à 90% (je n’ai plus l’évaluation exacte et confie ma mémoire) par une paire de couilles qui, c’est prouvé, s’avance toujours à plus de risques. Dans le même sens, les clichés sont vérifiés : à pourcentages égaux, les métiers ménagers sont féminisés. Elles ne représentent que 8,8% des membres des conseils d’administrations et, pour l'embauche allemande, l’utérus dérange puisque qu’il risque de développer le syndrome de la reproduction – entendons que l’enfant né prend du temps et davantage quand le Kindergarten n’existe que trop peu.

« Le féminisme, ce n’est pas seulement des femmes autoritaires ou des mal baisées, c’est aussi des lesbiennes » (Fabrice Eboué, il a gagné la malveillance des Chiennes de Gardes). Je ne suis rien de tout cela et Sacha Guitry pense qu’une vraie femme est avant tout une femme qui n’est pas féministe. Mais il faut prôner l’égalité sans en venir au symétrique du machisme.

Ainsi, quand l’homme est à la guerre, la femme s’insurge. En Allemagne et jusqu’en 1919, on la résume sous quatre K : Kleider - Kirche - Kinder - Küche (vêtements - église - enfants - cuisine). En France, elle ne vote que quand la deuxième grande bataille s’achève. L’émancipation est plus ancienne, Angela Merkel est la femme la plus puissante du Monde et, dans la grammatique goethéenne, c’est le féminin qui l’emporte. Je ne sais pas dans laquelle des deux Nations, mesdames, nous sommes le mieux représentées.

Auf jeden Fall, « la femme sera vraiment l’égal de l’homme le jour où, à un poste important, on désignera une femme incompétente. » (Françoise Giroud, le Monde, 11/03/1983 – déjà).

Céline