dimanche 19 octobre 2008

Journal du Monde n°5 : « Celui qui ne connaît pas les langues étrangères ne connaît rien de sa propre langue » (Johann Wolfgang von Goethe)


Je me range de son côté. Comparer sa culture à celle d’un autre, c’est aussi comparer les mots. Il en existe dans certaines langues, pas dans d’autres : le fait met l’accent sur l’habitude de vie. Là où le français n’en a qu’un, la langue de Goethe pose deux verbes pour désigner la culture : Bildung – culture générale – et Kultur – marque du peuple. J’ai l’impression que la distinction n’est pas superflue puisque le mot a une importance apparemment fondamentale pour l’habitant. L’étudiant que j’ai appris à connaître (kennenlernen, tout attaché) attache effectivement un intérêt plus régulier à cette connaissance générale qui, je pense, devrait être universelle. La séduction de l’actif passe par la visite de la ville (parfaitement connue) à vélo, par l’examen d’une galerie d’art, par une excursion dans un parc animalier, par la fréquentation d’une bibliothèque ; et par des bières et un concert pour finaliser la journée. L’allemand de la Française est en plus, paraît-il, séduisant ; même (ou surtout) quand il est aussi faible que celui que je formule. Alors j’en fais marcher le relationnel, ça fait avancer le progrès. Le mien tout au moins.

Mais je ne suis pas la seule. Claude Gagnière : « Un Homme qui parle trois langues est trilingue. Un Homme qui parle deux langues est bilingue. Un Homme qui ne parle qu’une seule langue est Anglais. » Ou Français. Je confirme l’idée que je m’étais déjà faite : celui qui a été à l’école française traditionnelle ne connaît rien de la langue étrangère, ou les bases de la politesse seulement ; un peu de respect. C’est à la limite du déshonorant lorsque celui-ci se mélange à d’autres nationalités. L’Allemand, entre autre, en parle deux ; voire plus. Et quand il utilise le parler qui n’est pas celui de sa mère, il n’use pas de son intonation. Le fait est davantage remarquable lorsque mes collègues de langue, majoritairement, favorisent leur dialogue maternel plutôt que l’assortiment interculturel. Bien malheureusement puisque je trouve l’expérience plus qu’enrichissante.
Outre le langage, c’est la façon de vivre qui devient captivante. Jeudi 7:30, vendredi 13:30, frau Fetscher ou la communication interculturelle. Quant il s’agit de se saluer, le Français ne fait que peu de distinctions entre le sexe, le degré relationnel et l’âge de son locuteur. Il est rare. Ici, on sert se sert la main entre fille et garçon et/ou si on se connaît peu ou prou. Deux amies se serrent dans les bras et deux amis presque également. On ne se fait toutefois pas la bise ; d’ailleurs il n’y pas de translation possible pour cette dernière puisqu’ici, elle est atypique.

Enfin, la gastronomie française est présente dans beaucoup de rayons. Elle reste tout de même une lacune dans ma nouvelle vie. Il faut que je m’habitue au très moyennement raffiné du repas allemand ou que je propose à mes
Kommilitonen (problème de traduction, encore) de leur cuisiner de l’exquis hexagonal. Nous l’avons expérimenté à la ratatouille, au gratin dauphinois et au « vrai » porc chinois sucré. J’ai été comblée et nous le perpétuerons.

Que du bon.

Céline

mercredi 1 octobre 2008

Journal du Monde n°4 – Voyage au centre de la Terre


Septembre ou la défaite de l’immensité bavaroise. Werder Bremen l’éclate à cinq contre deux à l’Olympiastadion München – les animaux ont bien fait leur musique, merci Grimm. Le Christlich-Soziale Union de madame Merkel perd de son monument vieux de 46 ans avec seulement 43% de suffrage aux élections (-17 points) – ciao Jésus, bonjour la Science. Oktoberfest n’est pas finie.

Celui qui n’est pas Français a une attraction particulière pour la capitale de mon Heimat. Place des Vosges, 10 000 € le mètre carré ; évaluée à l’échelle européenne, la rétribution du Français est élevée, trop selon certains. Ils savent que l’on mange des escargots et m’annoncent avec fierté qu’ils savent articuler qu’ils sont malades avec une intonation que je prise. Nous avons la réputation de n’absorber que la principale issue de la vigne et tous me demandent pour quel prix ; ma Mitbewohnerin en fait une présentation et je coopère. Le Chinois voit le peuple comme l’apogée du romantisme et tous veulent y passer leur voyage de noce qui, pour le verbe allemand, est le culminant de la vie. On me dit que le football bleu et blanc n’est plus rien sans Zinedine. La politique, quand elle ne concerne pas l’habitant, n’intéresse que peu mais tous connaissent notre auguste pilote hexagonal parce que, parait-il, il est déloyal. Ils s’égayent finalement d’une possible réception ; destination Paris Orly.

J’opte pour le Nord du Nord ; pour la culture qui veut la neige après la vapeur. Le pays où l’hiver ne connaît que la nuit. Non pas que le Père Noël m’excite mais que le renne est majestueux et que le -40°C hivernal fortifie ; que le pays est lauréat en terme de pédagogie et, ce n’est pas sans lien, en terme d’économie. Je découvrirai ainsi le jour de la poursuite animal où, à l’entracte, on pêche le liquide fluvial pour le chauffer au feu de bois. L’été, je dormirai à la lumière puisque je n’aurai d’autre alternative. Bienvenue en Finlande.

Le joueur de Pesäpallo dispose outrement, à lui tout seul, de quatre hectares de futaie quand le seul kilomètre carré chinois est estimé à cent quarante occupants. Mais le dernier n’en reste pas moins affable puisqu’il me dédie une partie de sa culture quand je lui rends service ; maintenant, je bois son thé. Et quand on lui demande d’élire un dicton, il vote « Freundschaft » ; alors il évoque l’esprit de l’essaim que nous édifions. C’est la béatitude.

Bitte gib mir noch ein Wort et parlons zusammen.

Céline