jeudi 14 mai 2009

Journal du Monde n°19 : de l’irréel plus vrai que sincère


Me voilà que l’envie me reprend, moins vite qu’une envie de pisser puisque les idées envahissent ma cervelle, de prendre le temps de m’engager dans une expression plus ou moins sentimentale de ce que je vis encore ici, à Zwickau. Si le fait vous emmerde, rien ne vous oblige à le lire. Puisque je me dis bien des fois que l’exposition publique du sentiment humain n’intéresse personne et pour la cause, je bannis toutes les expressions de tristesse et même celles de joies que bien des gens aspirent à accrocher à leur page Facebook ou à leur prénom MSN. Il n’est donc pas impossible que la même remarque fuge quant à mon Journal du Monde. A tous bons lecteurs en tout cas, celui-ci n’est pas mort, seulement je passe mon temps à jouer et à travailler, et je n’ai pas le temps pour tout.


J’ai visité la ville de Prague. Elle est miraculeuse, dominée par ses centaines de clochers qui s’accordent royalement à l’architecture changeante de la cité, fut-ce dû au melting-pot culturel qui l’encombre ? Au même titre que, je le confirmais, Stockholm, elle a été reine de la culture européenne. Pour cause, les marionnettes et sa posture théâtrale la magnifient. A la façon Europe orientale, elle s’exalte devant le luxe « à la française » et veut, par un rococo qui est propre à son pays, s’affirmer en tant que tel.


Je m’émerveille alors devant le semblant irréel. Et l’Allemagne aussi sait m’en faire jouir quand elle est spécialisée dans le jeu et le travesti, lesquels incluent souvent de sortir de sa peau quotidienne.


Deutschland en fête, c’est toute l’année et überall. C’est de la bonne humeur à chier partout et je voudrais l’allouer à deux mots en particulier, celui de la bière – natürlich – et du déguisement. La découverte change les habitudes : je ne bois plus que de l’eau pétillante et change de peau bien plus volontiers. Les soirées à thème s’exposent à tous les coins de rue et gare à celui qui ne respecte pas la consigne. Das ist doch lustig.


Autant que de se fendre la gueule, autour d’un jeu, avec mes collègues européens. Nous ne parlons pas la même langue et venons des quatre coins du Monde mais formons une parfaite union autour d’un jeu de société, dont, parait-il, le jeu allemand (German Boargame) est synonyme (par opposition au jeu américain dont les règles doivent être plus sophistiquées). A la fréquence moyenne de trois fois la semaine, je n’ai également jamais autant joué de ma vie en si peu de temps. Mais raison est. Le jeu, comme le rire, est effectivement candidat au statut du propre de l’Homme puisque celui-ci est la seule espèce à encore jouer à l'âge adulte. Cette propriété en fait son côté universel – on connaît tous le jeu et donc les règles – et facilite la communication. Et bien le tant mieux, because their german is so bad as my english, on ne se comprend donc pas toujours. Mais c’est impressionnant de voir que, justement, ces passetemps qui font rire puissent unir à ce point. Si les animaux savaient jouer, on verrait peut-être plus de poissons voler.


Platon dit que le jeu permet ainsi de connaitre le Mitpsieler bien plus rapidement que par la discussion. Alors peu importe cartes, billard, volley ou jeux de mains (jeux de malins), je commence à tous les apprécier et sens le 18 juin (J-35) mal, très mal. Il fallait s’y attendre : en plus d’être sujet à des règles, le jeu est circonscrit dans des limites à la fois d’espace et surtout de temps (Roger Caillois).


Le système impose donc une fin. Comme à toutes les bonnes choses. Et l’année le fût, c’est très peu dire.


Céline

5 commentaires:

Coco a dit…

Je viens de recevoir un mail de notre ami Masahito, il vient de rentrer à Tokyo après 3 semaines passées à Paris et malgré son anglais approximatif, on comprend que ses sentiments sont assez proches des tiens.

"I was very enjoy my Paris life.
everything different than Japan. ? ?City,peaple ,music,,,art... ? I want to stay more...thank you a lot,,, Very good food beer, wine, and time!! ??"

Nos "Heimat" respectifs manquent parfois cruellement d'exotisme mais cela à le mérite de nous faire aimer les voyages.

Bon et puis de tout manière, faut rentrer, y'a du boulot, la grande sœur se marie, faudt débroussailler le jardin, beurrer les toast et tout le bazar ! Schneeeel !

Unknown a dit…

Déguisements, bières, jeux !! Pas besoin d'aller en Allemagne !!

Raméne ti din ch'nord !! (Va dans le Nord)

T'y apprindra eu'n nouvelle lingue aussi!! (Tu pourras y apprendre aussi une nouvelle langue)

lol

Yaya Touré a dit…

Si les bonnes choses n'avaient pas de fin on en profiterait pas autant. T'inquiète, il y en aura plein d'autres, et sûre que tu ne verras pas le temps passer avant de te rebarrer à la rentrée !

Tanja a dit…

Aiaiaiai...je comprends trop ce que tu veux dire.
Quand j'étais avec vous autour de la table, en train de jouer "Scheißpaket" :), je suis "re-devenue" étudiante Erasmus - un peu au moins - et j'ai pensé à "mes Erasmus" dont j'ai fait la connaissance en France.

Et ca ma rendu très heureuse mais triste en même temps.

Parce que je savais que je serai plus jamais autour de n'importe quelle table avec "mes Erasmus". Et parce que ils m'ont manqués (et aussi notre "parfaite union" comme tu as dit). Et parce que je savais que - même si peut-être un jour je travaillerai en France ou dans n'importe quel pays du monde - ce sera jamais pareil.

Et à la fin, rentrer est beaucoup plus dur que partir.

Tanja****

Anonyme a dit…

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