mercredi 8 avril 2009

Journal du Monde n°18 : « on fait l’bilan, calmement »


L’Allemand a ce trait de caractère qui lui est réputé, que je généralise et viens confirmer : il vit dans la règle et la ponctualité. Nous sommes parfois trop volages pour nos voisins. J’en attise la remarque déplaisante mais suis la dernière arrivée à un repas qui commence à dix-huit heures et la seule à traverser au feu rouge parce que je suis impatiente. Les jours me courent après mais mon mètre doublé de jambe est à mon avantage : je cours presque plus vite.

« Les vieux ne rêvent plus » et, la couille longue et le poil blanchi, m’accostent dans une ambiance vapeur quand je n’ai plus de culotte et les seins à l'air pour laisser la vapeur me faire exsuder. Ils se plaignent de leur vieux âge et, dans un sächsische Dialekt que j’ai de moins en moins (mais quand même) peine à déchiffrer, me conseillent de profiter. Tous les âges ont leurs avantages, et certains plus que d’autres. La jeunesse est bonne ou préférable à la vieille sénilité qui « ’ient vite » et j’en exploite les bienfaits. Mais les heures sont courtes quand elles sont amusantes et mes derniers six mois ont été plus rapides que prévu ; il n’en reste plus que deux et je ne m’attarde ainsi pas dans mes retours au Heimat qui restent brefs mais c’est aussi ca qui les rend bons ; mes passages dans la capitale sont libérés et ils m’équilibrent : il y a des électrons dont ma personne dispose, qui appartiennent à mon passée et plus que tout à mon présent et qui, avec la pomme de terre, le gruyère et la bière (et ils le savent bien) y contribuent largement car ils savent me faire rire et chialer. Et ce que c’est bon de se fendre la poire. Je voudrais témoigner de ma fortune, à moi.

À commencer par ma compagnie créole, à savoir mes géniteurs et tout ce qu’ils ont excellemment réussis : mes sœurs, presque aussi bonnes que moi (on n’atteint pas la perfection !). On a créer mieux qu’une ligne trois-cent-douze dans un quartier juste résidentiel mais le 49 de notre rue nous appartient et l’intérieur m’est familier puisque l’éducation que j’y ai reçue m’est plaisante. On n’y connait pas beaucoup la formule sentimentale mais il me semble que l’on n’en pense pas moins. La mère sourit et cuisine bien et je ne connais personne qui tique et repasse mieux que le père. Mes sœurs escaladent le toit (et pas que) pour faire des expériences et me coupent les cheveux à la mord-moi-le-mou quand elles ont besoin de cobaye. Mon bercail à moi, c’est des genoux dans le pyjama, des crêpes le dimanche soir et des frites le mercredi, c’est des escaliers qui font du bruit ou un « vin dieu » qui font taire, c’est carrefour-resto en fin de semaine, c’est east-side en juillet et west-coast au mois d’août. C’est deux beaufs qui s’y sont ajoutés. C’est la belle évolution d’une famille qui n’est ni égoïste ni égotiste und die ich liebe parce qu’elle est simple et drôle et qu’elle sait ce qu’est le bien vivre quand elle emmerde le monde et éructe fort mais poliment (ou pas) après la bonne graille. Du großer Gott, que ca défile ; nous sommes déjà adultes et mes parents vivent à deux. Je les remercie.

Il y a aussi six vagins intelligents qui me font rire plus que personne et m’apportent félicitations quand je les présente. Elles sont des rencontres décalées pour des caractères différents mais le panache est admirable. Elles remplissent mes jeunes années et savent parfaitement qui je suis ; le fait est réciproque et je voudrais finir ma vie avec elles parce qu’elles me rendent florissante quand elles dansent nues, qu’elles ont des théories sur n’importe quoi, qu’elles sont passionnées par ce qu’elles font, qu’elles sont plus belles que la plus belle, qu’elles me lancent des vannes comme bon leur semble, qu’elles me font à manger presque aussi bien que ma mère, qu’elles me conseillent quand je leur demande ou pas et qu’elles supportent ce que je fais. Mes bébés. Mes meufs. Mes frères.

Il y a enfin ce tour de bras de généalogie qui remplit mon enfance et à elle seule la moitié d’une région que mon aînée a parfaitement décrite. Des gens aussi, des Francais, des Européens, des Planétaires, que j’ai rencontrés et qui m’ont faite évoluer.

Il fait beau. Il est tard. Il règle notre vie. Il est le temps et je ne l’attends pas. Je mange avec appétit et vis avec mon kiffe.


Céline

5 commentaires:

Yaya Touré a dit…

Je ne connais pas trop les formules sentimentales mais je ne pense pas moins !
Bonne barre avec les genoux dans le pyjama (devant Ca Cartoon et avec une crêpe à la main !!). J'ajouterai la descente des escaliers à donf "C'est moi qui prend la télécommande !!!!", et le 8h17-faut-qu'on-y-aille" ahahah !

Unknown a dit…

J'ai tout compris hihi !!!

Il n'empêche que les escaliers, je peux vous assurer que c'est moi qui les ai monté le plus vite !!

V'in dieu !!

Belle article belle soeurette !!!

Coco a dit…

Ton article est presque simple à lire quand tu parles de la famille ! Peut-être parce que nous sommes des gens simples : "we fuck the wooooorld, we fuck the childreeeenn" !

Blague mise à part, je dois avoir du sang allemand dans les veines pour être aussi ponctuelle même quand je ne le fais pas exprès, par contre je me demande comment Christelle s'intègre à Berlin car elle vit toujours à l'heure espagnole, peu importe ou elle se trouve !

Michel a dit…

From roots to love, The beauf is thinking that it's a great step-family for many great moment...

Unknown a dit…
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