jeudi 3 décembre 2009

Journal du Monde n°24 : les proxénètes ont bu le calice


Puisque la crise vous manque ou que la grippe vous gonfle, alors je viens vous parler, à vous mesdames, à vous messieurs, du plus vieux métier du monde, le racoleur des plus beaux outrages, celui dont les synonymes excèdent de poésie, la source de bien des procès. Ne serai-je en être trop vulgaire, je viens vous parler de prostitution. Prostitution active et passive, prostitution de luxe et maisons d’abatage, prostitution réglementée, abolie, prohibée. C’est selon, les sanctions diffèrent. La France punit l’agent, les pays nordiques le payeur. Et puisque, de toute façon, son existence est inévitable et que ses conséquences aussi (entendez violence et virus), l’Allemagne, entre autre, l’officialise. Attrait touristique ?

Des études montrent que le trafic de charme rapporterait soixante milliards d’euros annuels pour quatre millions d’ouvrier(es) actives ; c’est que c’est une branche sans chômage, au moins. Ou pas ? Oui, les proxénètes subissent. La crise les a touchés : ils accusent une baisse de 20%. Pas coulé : eux aussi ont trouvé la solution. La prostitution est une véritable industrie et elle mérite considération.

Berlin est championne en matière d’écologie et proposait à ses consommateurs (de sexe) une appréciable ristourne à la présentation de leur vélo. Aussi, petite offre commerciale : pour soixante-dix euros et avec les brebis de son choix, l’homme allemand (ou pas) avait le droit de s’offrir à foison des plaisirs charnels. Saucisses et télévision comprise. Qui a dit que l’Allemagne n’était pas accueillante ? « Sex mit allen Frauen, so oft du willst, so lange du willst, und wie du willst ».

J’accuserai publicité mensongère. Parce que la courtisane peut refuser. Que, moyennement, la durée de l’acte sexuel se borne à vingt minutes et que, pour la remise, l’homme de vingt ans nécessite dix minutes seulement quand l’homme de soixante-dix ans doit attendre trois jours. La vieillesse est-elle rentable ? Certains précisent : tout est possible, rien n’est obligé. D’autres sont dépourvus d’arguments quand ils se justifient par la comparaison, puisque personne ne rouspète quand on solde les jeans à moins de dix euros.

Alors, qui a dit que le charnel était hors business ? Je me retourne vers vous.

Céline

1 commentaire:

Coco a dit…

Parmi les conséquences, je citerais aussi la dignité humaine. Est-ce mon côté puritain, je ne me ferai jamais à l'idée qu'on puisse vendre son corps et s'en tirer indemne