mardi 24 mars 2009

Journal du Monde n°16 : « il faut pas jouer le riche quand on n’a pas le sou »


Europe 1 Matin dit qu’il faudrait aussi penser à récompenser ceux qui travaillent plutôt que ceux qui prennent des risques. Thierry Morin fait perdre deux cent sept millions, s’en laisse publiquement accorder dix neuf, s’en prend personnellement plus de trois puis laisse à la rue à peine mille six cent unités qui ne sont qu’un peuple qui n’a ainsi plus rien à faire et donc à gagner. La « divergence stratégique » rapporte, egal wie, egal wann, egal wer. Non pas par éthique mais pour la bonne image du gros patronat qui se casse la gueule, la Société Générale ne suit pas le mouvement. Jean-Jules Richard a vu presque bon, « l’appât du gain n’a pas de limites ».

Je ne suis pas certaine que l’argent fasse le bonheur mais reste persuadée qu’il fasse la différence quand il permet de profiter de la vie et que le manque d’argent devient plus important que l’argent lui-même.
Je ne sais pas parfaitement ce que sont les critères qui fabriquent le bonheur : ils sont extrêmement subjectifs, je crois. Problème est que, de la même manière que l’argent produit l’argent, c’est le fait d’être heureux qui rend heureux. Alors le cercle devient vicieux ou vertueux, c’est selon : il faut avoir la chance et/ou les couilles de prendre un bon départ. Il parait que c’est le jouir et non le posséder qui rend heureux ; encore faut-il posséder pour pouvoir jouir. Et il y a des choses qu’on ne possède pas sans argent, soit parce que – directement ou indirectement - elles valent de l’or, soit parce que ce(lui) qui en permet la jouissance ne veut pas de pauvreté.
Le cercle est encore vicieux quand, quoi qu’on en dise, l’argent permet l’accès à l’éducation. Certains disent que celle-ci est une parure pour les bienheureux et un refuge pour les autres ; egal. Je passe outre musées gratuits, bibliothèques pas chères et bourses étudiantes car l’accès facile à la culture reste quand bien même facilité – si ce n’est conditionné – par la couleur du compte en banque : le livre est couteux et la bonne école aussi. Le prêt existe bien mais le banquier n’aime pas le gens pauvre car il est risqué.

Le PIB qui mesure la richesse est augmenté de plus de sept fois dans notre capitale par rapport à la Saxe est-allemande. Un individu qui, à 7h30 tous les matins, partage mon wagon, me fait de la peine : il n’est pas à la rue mais la pauvreté l’affaiblit et son visage attendrit. J’en discutais avec mon gens bavarois, sa théorie est classique et explique que l’argent ne fait ni le bonheur, ni le goût d’ailleurs. Il en profitait pour gazer la richesse de son pays qui se croit importante et bien sapée quand elle assortit mal ou pas du tout une veste et un pantalon qui valent à eux seuls plus du salaire mensuel que certains s’acharnent à gagner pour survivre.

Celui qui n’a pas d’argent et qui, par le fait (je ne synonyme pas) est malheureux, compense et s’invente un Monde. J’en vois qui s’alcoolisent, d’autres qui soupçonnent la peau Noire comme étant la cause d’un mal être planétaire. Certains, par leurs costumes quotidiens, se croient au Texas dans une ville trop humide à l’architecture europe-de-l’est-urbanisée.

Celui-là même avec qui je discutais profite de la vie comme bon nous semble : je partage sa perception des choses. Il ne sait pas ou plus la privation et, passées soixante douze heures avec lui, je me dis que l’argent, celui que l’on possède, est bon car libérateur. Celui que l’on pourchasse est toutefois mauvais car esclavageur. C’est, je crois, la raison pour laquelle l’argent reste l’unique sujet m’étant incommodant lorsque je ne connais pas la définition que donne mon interlocuteur à ce mot que je ne réclame jamais : car celui qui paye a ma perception, l’autre est plus pauvre ou plus con. S’il est pauvre je partage, s’il est con il le reste.

Des Parisiens que j’eu connus me dissertaient que la somme de l’argent gagné (ou pas) amène automatiquement à un parti politique : le nécessiteux vote Links, le fortuné vote Recht. C'est effectivement un fait général. L’Allemagne est encore marquée par son passé : la Gauche gagne 25% à l’Est et 5% à l’Ouest. Pour la seule ville de Paris, le schéma était le même en 2007. Mon bavarois fortuné qui sut pourtant la pauvreté de l’ancien communisme polonais est (devenu) capitaliste libéral. Choses ainsi vues, il me semble alors que la politique n’est plus de la raison ou alors de la raison personnelle : de l’irrationalité égoïste. Ich weiss nicht, ob wir dafür sein sollen.

Je ne fais pas de politique, remarque seulement que l’injustice fait la diversité du Monde. Que le pauvre peut aisément critiquer la richesse sans l'être soi-même en retour et que la réciproque est fausse.

Céline

Aucun commentaire: