mercredi 21 janvier 2009

Journal du Monde n°10 : Améliorez votre quotidien


Quand on arrive à retranscrire la vie quotidienne d’un Heimat dans un pays qui n’est initialement pas le nôtre – en dehors de la notion de citoyenneté, il me semble effectivement que l’être se dit souvent attaché à sa Nation de naissance et/ou d’adoption et/ou de Terre d’éducation – je crois que c’est qu’on commence à s’adapter à notre territoire d’accueil, non pas que par la langue mais aussi par la relation et au fait de s’être fait à.

Ma vie quotidienne, dans mon Heimat à moi, tourne grossièrement autour de la douche du matin, de l’assise sur les bancs de l’école, du travail du soir, de la rencontre amicale, du repas (français) et, quand il est, du temps passé avec l’Ami amant. Celui de la fête incessante est irréaliste et ne rapporte que peu, parce qu’il est incessant. Non pas que je range tout l’invariable dans le non-avancement-dans-la-vie mais que le plus futile (ou pas, c’est selon) doit rester rare pour être précieux ; il l’a dit aussi, il est foooort. Remarquez que le « ou pas » me revient souvent. C’est que l’avis diffère beaucoup selon la culture nationale et/ou éducative et que l’on n’officialise rien qui ne soit pas scientifiquement prouvé. Dazu, mon retour à Paris et tout ce que ça comporte (retour à la réalité compris) a été indispensable et je ne m’y attendais pas. Par réalité j’entends vie que l’on est amené à devoir mener pour pouvoir (sur)vivre.

Maintenant, je sais faire des remarques qui mènent à la dispute quand un colocataire devient plus supportable que presque aimable – encore que le despotisme ne me caractérise que très moyennement et surtout que je puisse m’en cogner ; mais il y a des limites à la connerie. Il bricole à l’aurore le jour du seigneur, parle d’irrespectueux quand il y a trois assiettes et autant de fourchettes (sales) dans un évier, refuse de prêter un micro-ondes sous prétexte que la nourriture le salisse, surveille mon arrivée pour m’interdire de faire erreur de propriété en matière de bolognaise ; und so weiter. Mais ça n’intéresse personne, et moi encore moins. Même si la reprise est difficile, maintenant, je travaille et ça me plait. Je relis le journal même si français. Je bois plus d’eau que de bière. Je privilégie le cours à la fête. Je vais au cinéma et au théâtre. Je mange (un peu) de légumes et quelques fois MacDonald (faut pas pousser la mère dans les orties). Je m’octroie des habillements. Je rencontre des amis en dehors du null13. Je ris pour autre chose que pour l’alcool. Je « maîtrise » toujours davantage la langue. Le sérieux me gagne dans la relation (et pas que moi) ; le (plus) sérieux me gagne tout court. C’est bon l’équilibre et c’est aussi ça, le profit.

J’ai discuté ce week-end (oooh oui !) et, malgré tout, ai abouti à la conclusion que la grande ville (au hasard, Leipzig) aurait peut-être été davantage profitable. Je ne critique pas Zwickau puisqu’elle m’apporte beaucoup et que j’y apprécie bien des choses et des personnes. Mais en trois mois on a fait le tour et mon quotidien, à moi, c’est aussi la ville. Je veux rencontrer de nouvelles personnes et changer du null13 qui me reste quand bien même « cher ». Je veux avoir l’accès (plus) facile à la culture car celui de Zwickau existe mais reste limité à la librairie et au vieux Gasometer. Je n’en profite même pas ou trop peu, d’ailleurs.

Vivre en ville, c’est avoir des amis qui y vivent aussi (c’est ma perception et elle est parfaitement contestable). C’est faire ce que tu veux, quand tu veux, comme tu veux ; ou presque. J’affirme en excluant toutefois l’eau et la pente neigeuse, qui permettent des distractions parfois bien agréables. Outrement, vivre dans une ville en l’an 2009, c’est pouvoir décider à la dernière minute de faire quoi que ce soit et de pouvoir y parvenir sans trop de difficultés. Parce que la chose existe et qu’elle est accessible. Je salue billets réduc’, le métro et la mondialisation lorsqu’elle permet de plus ou moins mêler une abondance de Sociétés dans 100km² seulement. Je salue Paris et aussi Leipzig qui n’est pas si différente si ce n’est qu’elle est moins Babylone et ça, quoiqu’on en dise, c’est bon ; ça ressemble à ERASMUS tous les jours. J’entends enrichissement culturel et international qui n’existe (pour-ainsi-dire, c’est remarquable) pas ailleurs. Parce que des artistes mais surtout de la populace du Monde entier s’y dirigent. « Regarde tous ces beaux visages qui s’entremêlent ; [… on arrivera] à faire front avec nos différences, sous une seule bannière, comme un seul peuple ».

Vers deux heures de l’après midi, que pouvait bien faire Socrate ?

Céline

Journal du Monde n°9 : Je le traduis parce qu’il est moi (ou pas). Je l’estime et le vomit pour les mêmes raisons. Aucun droit d’auteur


Original Titel: was ist jetzt und hier ?
Autor : XXX

Nichts zu tun mit ERASMUS



ZENSIERT


"Ecrire, c'est le bonheur de tourner le dos à la société" (Amette Jacques-Pierre)

lundi 5 janvier 2009

Journal du monde n°8 : « Le rire est à l’Homme ce qu’est la bière à la pression » (Allais) ; je finirai par savoir de quoi je parle


Partout entend-on le résumé 2009 et les organisations personnelles de chacun de ceux que l’on passe. Simple fait auquel je profite aussi mais ne trouve toutefois qu’un chiffre changeant, une cérémonie prescrivant [une fois de plus] le retour à la déchéance alcoolique et une occasion pour un monde entier de se fixer de nouvelles déterminations, jamais conservées. Il rappelle que les saisons défilent, à certains qu’ils empochent, à d’autres qu’ils ont oublié d’avancer. Il donne aux opiniâtres rebelles une nouvelle opportunité d’extérioriser : « contre le passage à la nouvelle année ! ». Sylvestre ferait fuir les mauvais esprits ; mon Dieu qu’il a du travail et qu’il oublie l’achèvement de sa besogne !

Je les chasse et n’en veux aucun autour de moi ; et je travaille plutôt bien. Le retour aux sources me fait rire ; « et j’ai rit » ! Je suis fervente et n’en tire que du profit. Les plans changent et je reviendrai, je pense, à mes sources puisque j’aurais du mal à vivre sans eux, quand on entend que le plus grand supplice est de ne pas vivre avec ceux que l’on aime. Remarquez effectivement que l’on rit majoritairement par le langage et que l’on ne peut souvent mourir de rire par le langage que lorsque celui-ci est parfaitement maîtrisé. Fait est, je crois, que l’on ne maîtrisera parfaitement jamais que sa propre langue. Elle n’est pas la langue maternelle mais celle que l’on sait faire partager et qui est imprégnée d’une culture ; une culture du jeu de mot, humoristique, culture de la différenciation culturelle et sociétale. Je ne puis finalement m’empêcher de vivre sans (faire) rire et comprend trop la finesse du verbe que j’estime et regretterai, même crevée, quand, avec l'Astre et les Terres, il aura disparu. Par la présente, je salue Molière, Voltaire et tous nos précurseurs. Je suis mauvaise par le corps.

J’ai trouvé la bonne alternative étudiante et elle me sera plus avantageuse, pour le présent et le futur ; pour le passé aussi que je veux conserver. J’abandonne ce qui m’avait gêné dans Ma Capitale : celui qui se croit pertinent parce qu'il possède bientôt le tiers de l'entreprise du paternel ou même un deux centième du consortium à qui il a acheté les parts. Il m’avait été suffisant de creuser un peu plus pour rire davantage et m’apercevoir enfin qu'il ne savait manœuvrer que ce gousset et qu'il ne classait pas trente-neuf lettres sans taire un s ou un m devant le b. Idiot qu'il est, il m'entourait et c'était pitoyable. Il était dédaigneux aussi. Cet être finira par n'être chéri que par la personne morale. Dommage. C'est que je ne crois pas que l'individualisme doive être ancrée dans l'être. J'affiche effectivement une claire incompréhension devant l'intéressé qui ne voit que ce qu'il y a derrière son voisin, devant l'animosité qui anime le fan de notre Roi. Je ris enfin devant l'individu qui ne trouve que cette arme face à l'adversaire intelligent (si le terme existe). Complexe d'infériorité soit-il. Je ne crois de toute façon pas que l'on puisse vivre heureux dans cette éternelle optique et c'est tant pis pour eux.

Je ne voudrais pas non plus devoir faire face à la sédentarité à laquelle, parfois, nous sommes conventionnellement obligés. Fléau je m'en fais et, espère, jouirai du monde et de ses miracles. Pour l'instant, mon quotidien reste à la réjouissance festive, amicale et amoureuse ; gustative aussi (merde). Ces satisfactions ne me seront parfaitement profitables cependant que quand la tâche sera accomplie, c'est la cognition disciplinaire qui parle. Gaucherie ; on n’a rien sans rien.

« Fermes les yeux sur le Monde, ouvre les sur l'énigme. Le trône de la réussite est désœuvré, tu lui manques. T'as la Faculté, tu l'espères autant qu'elle ; alors vas-y : ta vie est en jeu. Et l'arrivée sera belle. »

Je dois maintenant lancé les dés ; retour à Zwickau, j’ai de nouvelles armes.

Céline

samedi 13 décembre 2008

Journal du Monde n°7 : « Noël n’est pas un jour ni une saison, c’est un état d’esprit » (Calvin Coolidge).


Sait-on parfaitement ce qu’est l’état d’esprit ? On me demandait de donner une définition française de l’ «esprit». Je m’en suis tristement trouvée incapable. J’eu la seule capacité de parler du «simple d’esprit» et de «l’ouvert d’esprit». Michel Agar parle de "Richpoints". La manière d’être de l’esprit ; oder was ? Que d’équivalents. L’esprit allemand, c’est l’intellect, le jugement, la subtilité, la finesse, la signification, le caractère, la capacité, la façon de pensée, l’envie, la tête ; et j’en passe et des meilleurs. Les synonymes sont semblables.

Zwickau et l’Allemagne entière, je crois, en est imprégnée. Samedi 13 décembre. La température ne dépasse nulle part le seul degré et l’intégralité de l’est allemand est couvert de neige ; les arbres aussi. La dite météo me réconforte dans mes visites du Weihnachtsmarkt, puisque je le trouve bien plus prodigieux quand il est blanc et transis. Aucun bâtiment ne manque d’éclat et les Weihnachtsmänner sont partout. La convivialité du Glühwein en est tout aussi traditionnelle, remplit le cinquième des stands et pour cause, elle réchauffe et c’est délectable. Certains, ce n’est que mon point du vue, en font trop. Mais ils sont toujours les mêmes et ne sont heureusement pas si nombreux. Quand ils proposent un déplacement qui n’est pas pour me déplaire – direction Dresde puis Leipzig, c’est (uniquement) pour boire, puisque je ne puis oser parler de dégustation. Emettons l’hypothèse que le goût soit différent ! Préjudice, mais je ne pouvais de toute façon que m’y attendre ; sotte. Je ne les trouve pas plaisants ; mais ils ne sont pas ma vie. Bref.

J’avais eu, dans la capitale suédoise, un premier aperçu de cet état d’esprit ; je ne parle pas du leur, à ces précédents, mais bien de celui du véritable Noël qui fait croire à l’enfant qu’avec le sapin et trois flocons, la terre entière est changée. Et quel aperçu. L’endroit est cher mais admirable ; je ne parle pas (ou plus) anglais et la relève de la garde est désaccordée, mais quand bien même. L’hiver, la nuit y tombe autant que la neige. Il fait froid mais ça ragaillardit. L’eau l’envahit. 1998 : capitale européenne de la culture, j’y crois et je supporte. Les quatorze îles m’enchantent.

J’ai envie de croire que la saison reste passionnelle même quand le Père-Noël nous apparaît inexistant. Il me semble que Décembre est familial. Le retour dans mon Heimat approche ; retour à certaines sources, à des parents, des sœurs, des beaufs, des meufs ; retour à une langue qui ne doit pas me faire perdre ma nouvelle élocution. Je n’étais pas hâtive mais les jours avancent et je les compte maintenant. Ils seront chargés et je ne veux rien perdre. On va s’fendre la poire !

Paris, attends-moi ; je ne suis pas sûre d’y revivre.

Céline

mercredi 19 novembre 2008

Journal du Monde n°6 : Heureux, les simples d’esprit ?


Vient un temps où la responsabilité adulte devient obligatoire. Celle à l’image de l’éducateur est-elle forcée ? Je me pose la question quand, à l’image du paternel, je viens à monologuer (parfois sans silence) quand je fais les courses et quand, à celle de la mère, je viens à détailler le centime près. Mais quand bien même, il me semble que l’on garde toujours ses propres habitudes puisque, même quand, ici, la pratique s’y fait rare, je ne puis m’empêcher de trouver chaussure à mon pied ; oublions le sens figuré. J’eu, par ailleurs, la veine d’adorer un breuvage typiquement allemand et pas autre chose car l’infime de son prix me permit de ne pas devoir faire face à la frustration ; notez un tiers d’euro le bon demi-litre. Le doute est inexistant : j’apprécie ! D’ailleurs, le « Heimatweh » que j’avais redouté ne m’atteint pas, ou pas encore ; mais mon départ a maintenant deux mois et on ne m’en avait promis qu’un avant le mal du pays.

C’est que l’ennui se fait (trop) rare. Deux semaines de non repos qui favorisent encore et toujours la rencontre et/ou l’approfondissement dans la connaissance ; et qui éreintent aussi, peut-être. Mais le mal n’est pas là puisque ce ne put qu’être bénéfique pour l’anciennement nouveau parler. Son avancement dépend, je crois, de la facilité mais surtout de la personne. Et je m’efforce au progrès par la communication. Puisque celle-ci n’est pas toujours facile, le sourire – « langage universel de la bonté » - reste la meilleure attaque. Je dis « pas toujours facile » car tu ne peux, malgré tout, pas discuter de tout quand tu n’as pas les mots exacts et que, quand tu passes ton temps à faire la bringue, tu finis par n’avoir plus grand-chose de très captivant à relater. L’intégration dans le pays, paraît-il (et je le crois) se fait non pas seulement par la maitrise du langage local et par la consommation de l’alimentation nationale, mais aussi par l’investissement dans l’actualité du pays d’accueil. Le détail me fait défaut mais il est difficile à accomplir lorsque la télé – que, de toute façon, je n’approuve pas spécialement – est inexistante et que le média papier – savant – est ardu à consulter.

Il n’y a pas qu’avec l’interlocuteur qu’il devient difficile de trouver matière à converser puisque le verbe me déshérite maintenant. Non pas que je sois particulièrement érudite, mais je deviens bientôt dénuée de quelconque intelligence ; ça s’appelle devenir abruti aussi. Certains (je nomme Vian sans le dénoncer) pensent que "mieux vaudrait apprendre à faire l'amour correctement que de s'abrutir sur un livre d'histoire". Les mots ne me rassurent pas franchement puisque j’ai la belle impression que le savoir est indispensable quand il s’agit de faire l’amour. Au sens étymologique, ça s’appelle effectivement fabriquer un agréable sentiment ; et la connerie n’attire pas l’Homme intelligent, ou alors il la baise.

Je profite plus que jamais et m’amuse tout de même. Mais la ressource devient nécessaire. J’étais à Karlsbad. Je pars à Stockholm.

Céline